Réflexion sur les conséquences d’une intervention militaire en Syrie (contribution parue dans « Le Monde »)

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Le secrétaire général adjoint de l’ONU, Jan Eliasson, après une réunion du Conseil de Sécurité consacrée à la situation en Syrie, le 21 août 2013. (AP/Mary Altaffer)

Après moult réflexions et atermoiements, le président Obama a annoncé le samedi 31 août 2013  avoir pris la décision de principe d’une attaque limitée contre la Syrie, tout en précisant vouloir attendre le feu vert du Congrès – qui ne devrait pas survenir avant une semaine voire plus. Entre temps, les débats sur la justification et les contours d’une telle opération se poursuivent, et mettent en relief de nombreuses divergences aux États-Unis, en Europe et dans le monde. En France, un des rares pays alliés qui se dit prêt à prendre part aux opérations aux côtés des forces navales américaines en dépit d’une opinion mitigée sinon majoritairement défavorable à une nouvelle guerre, le débat déchaîne les passions.

Dans les médias, l’histoire récente (et les conséquences encore vivaces de l’aventurisme américain de la dernière décennie), placée comme argument dissuasif central, s’entrechoque avec un discours de principe, aux accents volontiers moralisants, qui agite l’épouvantable spectre de l’usage banalisé des armes chimiques et bactériologiques par d’autres tyrannies. Une approche prudentielle s’oppose donc à une approche interventionniste-préventive contre de futurs crimes de masse, bien que leurs tenants respectifs dénoncent unanimement le recours (avéré et/ou potentiel) de gaz innervant par l’un ou l’autre des camps engagés dans le conflit. Pour les défenseurs d’une attaque occidentale punitive, toute absence de réaction forte – censée porter « un coup d’arrêt » au régime et à sa tentation de se servir à nouveau de ce type d’armes (si tant est que sa responsabilité soit, bien entendu, confirmée par le rapport des experts de l’ONU) – risquerait d’être perçue comme une sorte de « blanc seing » qui créerait un précédent dangereux pour l’humanité.

Mais ces frappes prévues pour être limitées auront-elles des conséquences circonscrites aux frontières de la Syrie ? Pourront-elles d’ailleurs rester « limitées » après les premiers coups de semonce ? Il ne s’agit que de quelques unes des questions cruciales évoquées dans le dossier-débat que le journal « Le Monde » consacre à la Syrie (« Une intervention en Syrie est-elle justifiée? »). J’ai l’honneur d’apporter une modeste contribution à l’édition du 30/08/2013, intitulée « En dépit de la tension, le moment est propice à des négociations sérieuses ». L’angle choisi s’attarde sur les conséquences politiques, militaires et sécuritaires, régionales et internationales, qui pourraient survenir dans l’hypothèse d’une attaque contre le régime syrien alors que le monde arabe est au bord de la rupture. Cette courte réflexion entend surtout délivrer des idées et pistes sans toutefois les développer en détail (du fait des limitations imposées par le format du texte).  Un autre article abordant les tiraillements autour de cette intervention devrait prochainement être publié dans les pages de ce blog.

Chady Hage-Ali

Stratpolitix

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Publié dans Diplomatie, droit international, géostratégie, Proche Orient
2 comments on “Réflexion sur les conséquences d’une intervention militaire en Syrie (contribution parue dans « Le Monde »)
  1. Tout-à-fait d’accord avec vous. Je viens hier de poster un article équivalent, moins brillant que le votre, sur mon blog

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    • Stratpolitix dit :

      Cher Monsieur, je vous remercie pour votre commentaire et je constate que nous partageons le même scepticisme concernant cette éventuelle frappe. Je ne remets pas en cause fondamentalement l’idée d’une réaction internationale si tant est qu’elle soit légale, comprise dans un sens plus large (non pas seulement militaire) et décidée après que tous les canaux diplomatiques ont été épuisés. D’ailleurs, une réaction qui réponde à ces critères aurait été amplement justifiée et requise bien avant les révélations d’un usage supposé d’armes chimiques, qu’on se le dise. Mais c’est le choix de la forme que ladite intervention doit revêtir qui doit faire l’objet de la plus grande circonspection en l’état actuel des choses. Aujourd’hui, la Syrie n’est plus à une ingérence étrangère près, et l’on peut raisonnablement douter de l’utilité et de l’efficacité de l’action militaire telle qu’elle est envisagée…
      Le fait d’avoir tenu un discours va-t-en-guerre avant la publication des résultats de l’enquête des Nations Unies a placé les puissances occidentales dans une position qui interdit la reculade sous peine d’être décrédibilisées voire humiliées. On a pu lire, en gros titre, dans certains quotidiens français que le président Hollande a été « piégé » par le président Obama, mais je crois que le premier a être tombé dans une chausse-trappe, c’est bel et bien le président Américain. Une idée qui est d’ailleurs développée dans un article que je m’apprête à publier sur mon blog. Merci encore pour votre visite et votre commentaire. Bien à vous. Chady.

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